[RP] Bigre, une Pictavo-Flamande !

Elle avait suivi les instructions à la lettre. Au carrefour, prendre à droite puis tout droit jusqu'au croisement de la route de Niort et de Thouars. Mais à peine arrivée devant la porte de la chancellerie, elle avait fait demi-tour pour aller chercher une bouteille chez elle.

Elle revint finalement en fin d'après-midi, alors que le soleil commençait à se coucher. Elle avait les joues rougies par le froid et ses yeux verts brillaient d'excitation. Elle portait comme à l'accoutumée une tenue voyante qui, de loin, la faisait passer pour une Anglaise. Sa silhouette, heureusement, prouvait qu'elle ne se nourrissait pas que de veau à la menthe, de bouillie d'avoine et de poisson frit.

A l'accueil, elle se présenta en souriant jusqu'aux oreilles.

Bien le bonjour ! Je suis Kirsty Lemant, de Poitiers. J'ai écrit l'autre jour au Chancelier, qui m'a répondu. Bref, nous nous sommes écrits, et sur son invitation, me voici. Pouvez-vous lui annoncer que l'autre casse-pi... je suis arrivée, s'il vous plaît ?

Le vieil homme chargé de l'accueil n'y croyait plus.
Il redressa la tête, griffonnant de sa plume d'oie ce qui lui était énoncé.
Il regardait de temps à autre son interlocutrice, tout en penchant la tête sur son écrit.
Regardant la nouvelle venue d'un air solennel, le visage fermé, comme aurait pu faire figure un personnage de cire, il lui répondit.

J'ai été prévenu par Son Excellence Ursulin de votre venue. Je vais l'informer de votre venue.

Il tira à plusieurs reprises l'une des cordelettes qui se trouvaient derrière lui.
Esquissant un sourire bienveillant mais amusé il répondit.

Il ne devrait pas tarder désormais. Il me faut avouer que c'est la corde que je tire le plus souvent.

Quelques instants plus tard, Ursulin, le rouquin de plus d'un mètre quatre dix se présentait à l'accueil.
Il regarda la nouvelle venue des pieds à la têtes, puis continua.

Je suppose que vous êtes Dame Kirsty Lemant. Je vous ai écrit courrier il y a peu.
Soyez la bienvenue.
Enfin de la compagnie. L'endroit me semblait désert.
Vous souhaitez donc devenir ambassadrice du Poitou ?

Elle hocha la tête pour confirmer au vieil homme qu'elle l'avait compris.

Très bien, alors je l'attends.

Puis, quelques minutes plus tard, elle hocha la tête pour confirmer au géant qu'elle était bien ce qu'elle était.

Bonjour. Eh oui c'est moi, Kirsty Lemant. J'ai en effet bien reçu votre courrier et, faisant partie des impulsifs qui se déplacent, je m'apporte en guise de réponse à votre dernier courrier.

Elle sourit, notant au passage qu'il était presque aussi grand qu'un de ses vieux amis, décédé depuis quelques années. Elle se souvint qu'elle montait sur un tabouret pour le regarder dans le blanc des yeux. Allait-elle devoir faire de même pour discuter avec le chancelier, ou repartirait-elle avec un fameux torticolis ?

Ha. Je vais vous avouer que de l'extérieur, l'endroit ne me paraissait pas débordant de vie ; mais enfin pas au point non plus de le confondre avec un cimetière. Oui Votre Excellence, pour tout œil extérieur l'endroit parait mort.

En effet, je souhaiterais devenir ambassadrice du Poitou ; c'est-à-dire si je conviens à la tâche.

Le Chancelier esquissa un sourire à l'un de ses derniers propos.

Soyez la bienvenue en ce lieu Dame Kirsty Lemant.

Toujours souriant il ajouta

Oh que non. Ce lieu n'est guère un cimetière puisque nous y sommes.
Fort heureusement, quelques êtres vivants peuplent encore ces murs, vous en êtes la preuve.

Vous souhaitez donc devenir ambassadrice. Bien vous en a pris.

Il est normalement coutume de faire passer quelques examens aux prétendants à l'exercice de la diplomatie.

Afin de devenir diplomate, en Poitou, selon les lois, il est nécessaire de se soumettre à des examens et des études.
Vous sentez-vous prête à une longue éducation sur la diplomatie poitevine ?

Merci, Votre Excellence.

Elle réfléchit longtemps, regardant autour d'elle. Les lieux n'étaient pas complètement déserts, puisqu'ils étaient là, et si la poussière semblait s'être accumulée dans les coins, c'était que le bâtiment était vieux et avait servi. Peut-être pouvait-elle le servir un peu, elle aussi. Mais pas avant avoir reçu une formation, hein ?

Oui, je suis prête.

Après tout, elle n'était pas venue jusque là pour cuisiner de la carbonnade.

Ursulin laissa le temps de la réflexion à la prétendante.

Et bien, nous allons pouvoir ensemble travailler sur le sujet.
Je vous laisse prendre connaissance des lieux et nous retrouverons d'ici peu en la salle désignée pour suivre votre formation.

Celle-ci sera des plus simple, soyez en sûre.
Nous espérons désormais compter sur l'efficacité et les résultats plutôt que sur un simple examen.

Elle hocha la tête. Très bien. Je vous remercie de m'avoir accueillie. A très bientôt alors !

Et la bouteille de pinard alors ? Et bien, croyez le ou non, ce n'est qu'une fois rentrée chez elle qu'elle se rendit compte qu'elle avait oublié de l'offrir au chancelier.

Peu de jours plus tard, Ursulin prit soin d'envoyer un simple mot de convocation à la Chancellerie à Dame Kirsty.

Dame Kirsty.

Je vous adresse cette courte missive afin de vous signifier que la salle de formation est prête et n'attend plus que nous afin d'entamer votre cursus de diplomate poitevin.

Je vous attendrai à l'accueil et vous montrerai ainsi le chemin pour vous y rendre (https://chancellerie-poitou.forum2jeux.com/t2120-formation-de-kirsty#21386).

Dans l'attente de vous revoir et vous accueillir dignement,

Puisse Aristote vous bénir, vous ainsi que ceux qui vous sont proches.

Bien à vous

SE Ursulin Mabtrémélec

*BOUM* *BOUM* *BOUM* Kirsty ouvrit un œil, puis l'autre.

*BOUM* *BOUM* *BOUM* OUVREZ ! Elle se redressa sur sa table.

" Nous n'ouvrons pas aux colporteurs !
- Mais j'ai une lettre pour vous.
- De qui ?
- Du chancelier.
- Ha, c'est autre chose. J'arrive !"

Elle se leva et ouvrit la porte. Le pauvre messager la regarda d'un air ébahi : elle avait dû s'endormir sur une lettre qu'elle était en train d'écrire, car sa joue avait servi de buvard. La jeune femme prit la lettre qu'elle décacheta et lut.

"Ha ! Voilà une bonne nouvelle. Dites-lui que j'arrive. Enfin, dès que j'aurais fait un brin de toilette.
- Oui, c'est préférable."

Le messager s'éloigna et, lorsqu'il fut hors de portée des oreilles de la demoiselle, éclata de rire.

Kirsty eut quelque peine à retirer l'encre qui maculait la joue et n'arriva à la chancellerie que quelques heures plus tard, la pommette plus rouge que d'ordinaire. Elle salua le concierge, qui reconnut ses vêtements et agita la main pour lui indiquer l'endroit où elle devait se rendre.